écrire une description

Écrire une description | Le truc pour ne pas se planter

Vous pensiez qu’écrire une description consistait uniquement à « montrer » les choses au lecteur ? Comme beaucoup d’autres auteurs, vous voyez peut-être cet exercice littéraire comme une corvée. Eh bien en lisant cet article, vous allez élargir vos horizons et considérablement améliorer vos prochaines descriptions !

 

La description, un moment particulier dans le récit

Lorsque un romancier écrit un livre, il se donne pour mission de raconter une histoire à son lecteur. En tant qu’auteur, vous pouvez être tenté de penser que les passages plus descriptifs sont une sorte d’arrêt dans le récit, et qu’ils empêchent votre histoire d’avancer.

Bien souvent, lorsque l’on commence à écrire, on se focalise sur l’action. Notre histoire repose sur des faits qui se déroulent selon une certaine chronologie. Pour faire avancer l’histoire, il nous faut dérouler les faits et les actions.

Mais très vite, voilà que l’écrivain est rattrapé par une réalité à laquelle il ne pourra pas échapper : s’il se contente d’aligner les faits et les actions, son histoire sera « squelettique », et manquera cruellement d’un petit supplément d’âme.

Les descriptions (ainsi que les dialogues) vont lui permettre de donner un peu de chair à son récit.

Vous avez le sentiment que le temps passé à décrire un lieu, un personnage ou une situation est soit une perte de temps, soit une tannée ? Et si vous considériez cela comme un élément majeur dans l’écriture de votre livre… C’est ici que vous allez pouvoir créer un attachement avec votre lecteur. Plus vous réussirez vos descriptions, plus il aura l’impression de vivre les scènes que vous lui racontez. Si vous voulez entendre vos lecteurs vous dire « j’avais l’impression d’y être ! » en parlant d’un passage de votre roman, alors attardez-vous sur vos descriptions !

 

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écrire une description

 

Les deux types de descriptions

Ok, je sais ce que vous pensez… (et honnêtement je vous rejoins un peu) décrire un lieu ou une personne, ça peut être un peu pénible. Personnellement ce n’est pas ce que je préfère.

Mais mon point de vue a changé depuis que j’ai découvert deux choses.

La première, c’est qu’il faut voir les descriptions comme une sorte de photographie que vous tendez à votre lecteur pour l’aider à comprendre de quoi il est question. Lorsque qu’un écrivain écrit un passage descriptif, il aide son lecteur à visualiser ce qui, pour le moment, n’existe que dans sa tête. Il le prend par la main et lui dit « Attends, je vais te montrer ».

La seconde chose importante pour aborder les descriptions avec plus d’enthousiasme, c’est de bien se rendre compte qu’il existe deux types de descriptions. Et qu’une fois qu’on a découvert la seconde, une nouvelle vie commence 😉

Deux sortes de descriptions, donc… Voyons voir cela :

  • Vous avez tout d’abord la description objective. Il s’agit de décrire une chose, un lieu, une personne, une situation, etc. sans y apporter le moindre affect ou la moindre émotion.
  • Vous avez ensuite la description subjective. Là, il s’agira des décrire une chose, un lieu, une personne, une situation, etc. en essayant de retranscrire le ressenti du personnage qui regarde (ou du narrateur qui raconte).

 

Les descriptions subjectives sont mes préférées. Elles sont terriblement intéressantes à travailler !

Et ce qui suit va vous aider à prendre votre pied lorsque vous devrez désormais vous attaquer à vos descriptions… #teasing

 

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décrire un paysage

 

Exploiter les cinq sens pour réussir une description

L’une des erreurs les plus courantes lorsque l’on commence à écrire un roman, c’est de ne recourir qu’à la vue. On décrit physiquement les personnages. On dépeint le paysage. On essaye de s’en sortir du mieux que l’on peut, à grand renfort d’adjectifs qualificatifs et d’adverbes. Et pourtant, lorsque l’on se relit, ça ne prend pas.

Et si l’on voyait plus grand ?

Non, ne rallongez pas vos paragraphes, et ne vous jetez pas sur votre dictionnaire des synonymes… Allez plutôt chercher du côté de vos cinq sens.

Dans la vraie vie, lorsque vous appréhendez une situation, vous sollicitez vos yeux, certes. Mais votre ouïe, votre odorat, votre toucher et votre goût ne sont jamais mis à part. Eh bien lorsque vous écrivez un roman, c’est pareil !

 

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réussir ses descriptions

 

Utiliser la vue pour écrire une description

Vous seul(e) devez connaître visuellement vos lieux et vos personnages

Alors, évidemment, je ne vais rien vous apprendre en vous disant que si vous souhaitez décrire un personnage ou un paysage, il va falloir donner au lecteur des éléments visuels.

Mais je vais peut-être vous surprendre en vous disant qu’il n’est pas essentiel de donner la couleur des cheveux ou la taille au centimètre près d’un personnage pour le faire exister aux yeux de votre lectorat.

Voilà mon avis : vous devez avoir une vision extrêmement précise de vos personnages, vous auteur. C’est pour cela que je vous conseille de remplir scrupuleusement vos fiches personnages. Mais cela ne veut pas dire que vous devez décrire intégralement ces personnages lorsque vous passerez à la rédaction de votre livre.

Par contre… (et c’est la partie que je préfère) vous devrez retranscrire leurs traits particuliers, ce qui les rend uniques, ce qui permet malgré tout au lecteur de mettre un visage sur un nom.

Comment faire ? Rusez !

 

Vous devez donner les choses à voir, sans tout décrire

Si votre personnage à un caractère bien trempé, parlez de son visage qui ne s’en laisse pas compter, de la façon qu’il a de serrer les poings quand il parle, de la dureté de son regard, bref, creusez. Ne restez pas à la surface.

Pour ce qui est de décrire les paysages… pareil. À vrai dire, on s’en fout un peu que vous décriviez la maison de fond en comble. Par contre, on ne réussira pas à décrocher si vous nous montrez la lumière particulière qui envahit le salon lorsqu’un nuage vient à passer devant le soleil.

Et surtout, attardez-vous sur les aspérités, les détails un peu bancals, les trucs qui n’ont rien à faire là… D’une part, ça sera bien plus amusant pour vous. Et d’autre part, votre lecteur vous en saura gré.

C’est là que va se jouer une partie de votre style littéraire.

 

écrire description personnage

 

Ne pas faire l’impasse sur l’ouïe

Alors, je ne sais pas vous, mais moi je deviens de plus en plus sensible au bruit. Peut-être est-ce dû à l’âge…

Bref. Si vous souhaitez ajouter de l’épaisseur à une description, ouvrez les oreilles. Et celles de votre lecteur.

Une voix enrouée à la suite d’une nuit un peu agitée. Un murmure urbain lointain derrière ne porte refermée. Le claquement d’une rame de métro lorsqu’elle passe à grande allure sur les rails. Voilà autant d’éléments dont il faut vous saisir !

Non seulement ils vous permettront d’imprégner votre lecteur en mobilisant un sens supplémentaire. Mais en plus, si vous vous y prenez bien, ils vous permettront d’ajouter une petite dose de psychologie à votre description. Votre façon de décrire un claquement de porte sera très différent selon que votre narrateur est censé être heureux ou au fin fond d’une dépression. Le râle d’une respiration ne sonnera pas de la même manière si vous décrivez une scène d’amour passionnée, ou une agression sexuelle.

Servez-vous de tout cela, c’est une matière incroyablement riche pour travailler votre roman.

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écrire une description

 

Recourir à l’odorat quand c’est possible

Je vous l’accorde, une fois que l’on a exploité la vue et l’ouïe, les autres sens semblent un peu plus difficiles à travailler dans une séquence descriptive.

Mais c’est loin d’être impossible, et vous devriez au moins vous poser la question des odeurs lorsque vous souhaitez relater une situation.
On ne vous demande pas de copier le travail incroyable de Patrick Suskind dans Le Parfum. Mais attardez-vous un peu sur une fragrance que vous aimeriez coller à votre personnage (qu’elle soit naturelle ou pas). Ou sur l’odeur de la pierre après une averse d’été. Ou encore sur la puanteur d’une ruelle où les fêtards vont se soulager après avoir enquillé les bières dans le bar d’à côté.

Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de le faire sur des paragraphes et des paragraphes. Un mot, une phrase, parfois cela suffit à poser le décor olfactif de votre scène.

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écrire une descriptionNe pas sous-estimer le toucher

Cet été, je me suis retrouvée sur une plage déserte avec mon amoureux. Si l’on avait dû prendre une photo de ce moment, cela aurait renvoyé une image idyllique de la situation : sable blond, ciel bleu, végétation luxuriante en arrière-plan, océan à perte de vue, vagues qui s’enroulent parfaitement grâce à la houle. Non vraiment, visuellement, tout y était.

Sauf que… il y avait ce jour-là un vent de malade qui faisait voler les grains de sables à une vitesse telle qu’ils venaient se frotter sur notre peau dénudée à la manière de toutes petites aiguilles impitoyables (#peeling).

Bref, c’était beau mais ça faisait mal.

À ce moment-là, si je m’étais contentée de décrire cette scène en ne faisant appel qu’à la vue, vous auriez eu une description digne d’une photo Instagram. Mais en y ajoutant le toucher, là ça devient vraiment intéressant. Et cela ajoute un relief incroyable au récit de cette journée.

Les occasions de recourir au toucher dans une description seront sans doute un peu rares. Mais votre responsabilité d’écrivain sera de ne pas passer à côté de ces occasions merveilleuses de faire ressentir au lecteur des sensations qu’il aura du mal à oublier.

 

décrire le goût

Ne pas oublier le goût

Ok, j’imagine que là vous vous dites « tu pousses le bouchon un peu trop loin, Cécile ! » (toute ressemblance avec une pub pour une mousse au chocolat qui passait à la télé dans les années ’80 ne serait pas totalement fortuite).

Oui, mais non. Ne négligez pas le goût !

Que les choses soient claires, je ne vous demande pas de décrire le goût de tout ce qui est censé avoir du goût dans votre roman (sauf si c’est un parti pris, évidemment). Mais dans certaines scènes, cela peut être une excellente technique pour faire passer des émotions, ou ajouter de l’épaisseur, ou développer un lien d’attachement avec le lecteur.

Le souvenir du goût du sel sur une bouche jadis embrassée, peut marquer de manière encore plus forte la description que fera un personnage de son premier baiser. Le crépitement d’un sachet Frizzy Pazzy fera indéniablement replonger votre lecteur quarantenaire en enfance (et il y a fort à parier qu’il vous en sera reconnaissant).

C’est puissant le goût. Demandez à un bébé qui vient de téter le sein de sa mère.

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résssir une description

Bien doser pour ne pas risquer l’indigestion descriptive

écrire une description

Vous voilà maintenant armé jusqu’aux dents pour écrire des descriptions qui ne manqueront pas de mordant (lol). Mais voilà qu’un doute vous saisit : faut-il tout utiliser en même temps ?

Euh… non.

Évidemment, vous n’allez pas décrire une même scène en utilisant chacun des cinq sens. D’abord, parce que c’est quasiment impossible. Et ensuite parce que vous passeriez en zone de lourdeur extrême… Ce qui n’est pas l’effet recherché.

Vous disposez d’un arsenal d’outils pour réussir vos séquences descriptives. Il s’agit maintenant de jongler. De recourir tantôt au goût, tantôt au toucher. De parfois utiliser deux sens à la fois. De parfois les répartir tout au long d’un chapitre. De parfois se satisfaire uniquement de la vue. Ou de se challenger en y allant à l’aveugle et en ne choisissant que le toucher.

Il y a tant de choses à faire en matière de description.

Mais là, ça va être votre talent d’écrivain qui va vous guider et vous aider à choisir parmi toutes les possibilités qui s’offrent à vous.

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J’espère que cet article vous a aidé et que désormais vous vous sentez au top pour écrire des descriptions avec un plaisir non- dissimulé. Si vous avez des astuces, des questions, des remarques, etc. N’hésitez pas à laisser un petit commentaire. Je vous lirai avec plaisir !

 

3 commentaires

  • Chloé

    Bonjour ! Tout d’abord, merci pour cet article extrêmement intéressant ! Une question me vient à l’esprit (je ne sais pas si elle a été développée dans un autre article ou non) : elle concerne la concordance des temps !! Dans mes souvenirs de collège, les descriptions se font à l’imparfait. Est-ce le cas selon chaque temps utilisé pour la narration ?

    • Cécile

      Merci à toi pour ton commentaire !

      Pour répondre à ta question : si la narration se fait au passé, on sera sur de l’imparfait pour décrire des choses qui s’étendent sur une certaine durée. Parfois ponctuée de passé simple, pour décrire une action en train de se dérouler.

      Par exemple (bon, j’invente en free style, donc ne m’en veux pas) : « Elle referma la lourde porte derrière elle avec une violence qu’elle ne se connaissait pas. Les larmes qu’elle avait retenu jusqu’alors, coulèrent de long de ses joues, jusqu’à la commissures de ses lèvres. C’était salé. Délicieusement salé. Et pourtant tellement acre à la fois. Elle se dirigea vers la station de taxi. La nuit commençait à se poser sur la ville comme un voile funeste sur les épaules d’une veuve. Il lui sembla à ce moment que cette semi-obscurité triste et sale ne la quitterait pas avant longtemps ».

      Ici, on a décrit une scène en train de se passer. Une porte (et du bruit). Des larmes (et un goût). Un ciel (et une vue). Et surtout des émotions et un état d’esprit. Car en réalité les larmes ne sont acres, et l’obscurité n’est triste et sale, que parce qu’ils sont décrit par le prisme des émotions du personnage.

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