Le syndrome du milieu en écriture
Aujourd’hui, on va parler d’une chose que vous allez peut-être vivre durant l’écriture de votre roman. Mais peut-être pas. Il s’agit du syndrome du milieu, qui intervient donc lorsque vous arrivez au milieu de la phase d’écriture, et qui peut vous amener à ralentir l’écriture, voire même à l’abandonner. Alors, le syndrome du milieu en écriture, qu’est-ce que c’est ? Comment le reconnaître et comment le dépasser ? On fait le point ensemble, sans jugement, ni culpabilité.
Le syndrome du milieu, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’un blocage d’écriture que l’on rencontre lorsque l’on arrive à la moitié de l’écriture d’un livre. On peut parfois le confondre avec l’angoisse de la page blanche.
Ce blocage peut prendre plusieurs formes :
- Lassitude
- Manque d’énergie
- Manque d’envie
- Impression d’avoir perdu le flow
- Impression de ne plus savoir écrire aussi bien
Pour aller plus loin : suivez la Masterclass « Écrire son roman« .
Comment reconnaître le syndrome du milieu ?
Voici quelques symptômes qui doivent vous mettre la puce l’oreille :
- On diffère les séances d’écriture, ou on a du mal à s’y mettre.
- On a la sensation d’aller puiser dans son énergie pour avancer dans l’écriture.
- On raccourci des scènes.
- Ou on en supprime.
- On choisit de se placer sous l’angle de l’action, ou du dialogue (plus facile à écrire) plutôt que de la description.
- On opte plus souvent pour le « tell » que pour le « show ».
Pour aller plus loin : suivez la Masterclass « Écrire son roman« .
Les raisons qui expliquent le syndrome du milieu
Identifier les symptômes du syndrome du milieu, c’est bien. Mais réussir à cerner sa source, c’est encore mieux.
Car il faut savoir que celui-ci peut avoir plusieurs causes.
L’effet de nouveauté disparaît
Lorsque l’on se lance dans l’écriture d’un nouveau projet, on est exalté(e), passionné(e), on déborde d’idées. Une fois arrivé(e) vers le milieu, on commence à s’essouffler.
L’exaltation du début s’est estompée et on voit qu’il y a encore « tout ça » à écrire !
D’autant que c’est souvent à ce moment que de nouvelles idées de romans commencent à venir vous titiller. Et elles sont terriblement plus enthousiasmantes que l’écriture de la 2ème partie d’une histoire, qui n’a plus le charme de la nouveauté.
On est dans un entre-deux lié à la structure narrative du roman
La seconde raison est structurelle.
Le milieu d’un roman correspond à un moment charnière de l’intrigue, un passage qui peut être plat parce que transitionnel (les anglo-saxons parlent du sagging middle syndrome, c’est à dire syndrome de l’effondrement du milieu).
Du point de vue de la structure narrative, il s’agit parfois d’une sorte de creux de la vague, un entre-deux qui n’est pas très passionnant à écrire.
Comment dépasser ce blocage d’écriture ?
Allons, allons, je ne vais pas vous laisser en rade avec votre syndrome du milieu. Voici quelques pistes à explorer pour dépasser ce blocage. Car oui, il s’agit là d’un blocage d’écriture.
1- Éviter de culpabiliser
Cette phase arrive à tout le monde, et ne veut absolument pas dire que vous êtes un mauvais écrivain.
La bonne nouvelle, c’est que non seulement elles ont réussi à finir l’écriture de leur livre, mais qu’en plus il a été un joli succès de librairie. Quand je vous dis que le syndrome du milieu n’a rien à voir avec le talent d’un écrivain…
2 – Identifier l’origine du syndrome du milieu
Si l’origine est structurelle, alors il faudra peut-être amener un changement de structure. Si aucun changement de structure ne se justifie, alors il faudra simplement trouver des astuces pour avancer et arriver à la prochaine phase.
Si vous n’êtes pas au point sur votre structure narrative, sachez que c’est un point que j’aborde en profondeur dans ma masterclass « De l’idée au plan détaillé ».
3 – Mesurer le chemin parcouru
Si le découragement vous guette et que vous êtes sur le point de céder aux doutes, repensez à tout ce que vous avez déjà accompli.
Parfois, on a l’impression de tourner en boucle ou de ne pas avancer, alors qu’en réalité, on a déjà fait énormément de travail.
Le fait de prendre la mesure de tout ce que vous avez déjà accompli vous aidera à ne pas abandonner.
4 – S’accorder un temps de pause dans l’écriture
Mettez votre manuscrit à distance pendant quelques jours (fixez ce délai à l’avance). Travaillez sur d’autres choses : un bout de dialogue qui viendra plus tard, l’excipit, le repérage des maisons d’édition. Lisez un roman proche de votre univers pour analyser comment l’auteur a géré son histoire, etc.
S’accorder un temps de pause dans l’écriture n’implique pas forcément un temps de pause dans le travail…
L’idée est de reprendre votre souffle sur le plan de l’écriture, mais de ne pas stopper le projet d’écriture pour autant. Réservez-vous des petites tâches utiles, et simples à réaliser en prévision de ce moment où vous aurez besoin d’un peu d’oxygène.
5 – Faire le point sur son histoire
Il y a de fortes chances qu’avec l’écriture, de nouveaux éléments aient surgi. Certains personnages sont plus intéressants que prévu, d’autres moins. Pareil pour certaines scènes. C’est normal.
Il est évident que si la suite du roman implique de travailler sur des éléments qui ont perdu de leur intérêt, alors votre syndrome du milieu risque de se renforcer.
Cela peut donc être l’occasion de vous repasser votre histoire, pour voir ce qui est toujours à l’ordre du jour et ce qui ne l’est plus.
6 – Rebooster le milieu de son histoire
Dans certains cas, votre blocage viendra du fait que votre milieu est un peu plat. Il peut alors être intéressant d’envisager de le remanier un peu pour lui apporter du piquant :
- Ajoutez un rebondissement ou une anecdote.
- Supprimez des choses qui n’ont finalement plus d’intérêt
- Semez quelques indices qui titilleront la curiosité du lecteur concernant l’intrigue principale. À ce stade du récit, il est possible qu’il ait envie d’avoir des éléments qui lui indiqueront que la suite et la fin risquent de ne pas le décevoir.
Attention cependant : si cette phase « plate » est normale par rapport à votre intrigue, cela peut ne pas être une bonne idée.
Pour aller plus loin : suivez la Masterclass « Écrire son roman« .
7 – Vous replonger dans votre pourquoi
Lorsque vous débutez un projet d’écriture, je vous conseille d’identifier votre pourquoi : pourquoi ce roman est important ? Pourquoi personne d’autre que vous ne peut l’écrire ? Pourquoi il va aider d’autres personnes ?
Eh bien je crois que c’est le moment de vous remémorer ce pourquoi et de le laisser vous envahir de nouveau.
8 – Utiliser la visualisation
Lorsque j’écrivais mes premiers romans, je m’imaginais dans quelle collection et chez quel éditeur ils pourraient être publiés. Et je posais un exemplaire de l’un des romans de cet éditeur sur ma table de chevet, en me disant qu’un jour peut-être, mon roman viendrait s’ajouter à la pile.
À chaque fois que j’avais un coup de mou, je regardais ce livre posé sur ma table de chevet. J’imaginais mon livre à moi s’ajouter à la collection, et ça me donnait la gniaque nécessaire pour me remettre au travail.
Cet exercice de visualisation était très efficace pour moi, et je peux vous dire que j’y ai souvent eu recours.
Cela peut prendre la forme d’un livre posé sur votre table de chevet, ou d’une carte postale motivante accrochée sur un mur, ou d’un objet symbolique, etc. Cela peut n’avoir de sens que pour vous. Mais si vous avez un totem, alors c’est le moment de vous focaliser sur lui.
9 – Aller chercher la motivation chez d’autres
Rien de tel pour retrouver la motivation que d’aller se confronter à des personnes qui ont réussi à faire aboutir leur projet. Si vous en avez l’occasion, allez voir quelques spectacles, un concert, une exposition, etc.
Allez vous rasséréner au contact d’une énergie de réussite et d’accomplissement.
Non seulement cela vous fera du bien, mais cela vous donnera envie de pouvoir un jour profiter de cette énergie si particulière qui anime les gens qui ont accompli quelque chose.
Syndrome du milieu, ce qu’il faut en retenir
Eh bien, voilà quelques pistes pour vous permettre d’affronter ce fameux syndrome du milieu qui touche presque tous les créateurs.
S’il y a bien une chose à en retenir c’est que oui, vous devez accepter cette phase comme étant une phase naturelle dans le processus de création. Mais que vous ne devez pas pour autant la laisser s’installer trop longtemps.
Car si vous restez bloqué(e) à ce stade, rien de grand ne pourra arriver.
Souvenez-vous que ce qui fait un écrivain, ce n’est pas simplement le fait qu’il écrit, c’est aussi le fait qu’il aille au bout de son projet.
Pour aller plus loin : suivez la Masterclass « Écrire son roman« .
Un commentaire
Diane Gingras
Bonjour Cécile et Merci, ça m’éclaire et me fait réfléchir.
Dans mon cas, (un roman de fiction) j’ai écrit déjà écrit 41,685 mots pour 119 pages Word.
Cependant, le problème c’est que tout allait bien jusqu’a ce que je décide d’écrire la fin avant de terminer le milieu.
J’ai pensé que cela pourrait me guider afin d’avoir une histoire qui va bien avec le dénouement final.
Mais ce qui devait m’aider semble m’avoir nuit.
J’ai perdu le fil et je me demande si finalement je laisse le tout comme ça puisqu’il y a un début, un milieu et une fin…..