Comment devenir auteur jeunesse ?
Que l’on ait soi-même des enfants ou pas, on peut avoir envie de devenir auteur jeunesse. C’est un choix que j’ai d’ailleurs moi-même fait, puisque j’ai commencé mon parcours d’écrivaine en publiant des livres pour enfants. Je croise régulièrement des apprentis écrivains qui sont attirés par l’édition jeunesse, mais qui ne savent pas trop comment s’y prendre pour aborder ce genre littéraire si particulier. Alors, comment devenir auteur jeunesse ? Je ne prétends pas être une spécialiste de la littérature jeunesse, mais voici quelques pistes pour ceux qui voudraient se lancer et devenir auteur ou autrice jeunesse.
1 – Aimer Écrire Pour Les Enfants
La première condition à remplir pour devenir un auteur jeunesse est évidente, mais elle mérite toutefois d’être rappelée : il faut aimer écrire pour les enfants.
Vous pouvez aussi aimer les enfants, mais ça n’est pas obligatoire 😉
Que vous vous destiniez à écrire des albums illustrés pour un très jeune public, des récits courts dédiés à des apprentis lecteurs ou des romans plus copieux pour un lectorat déjà aguerri. Que vous ayez envie de raconter les petites choses du quotidien avec un vocabulaire simple, ou d’aborder des thématiques plus compliquées. Vous vous adresserez à des enfants.
La bonne nouvelle, c’est que cela vous offre de nombreuses possibilités, car la littérature jeunesse, en s’affranchissant des contraintes de la vraisemblance, autorise quelques « excentricités ». C’est donc un formidable terrain pour ceux qui souhaitent devenir auteurs jeunesse.
Pour aller plus loin : découvrez la Masterclass « Écrire son roman ».
2 – Avoir un intérêt pour la Littérature Jeunesse
Si vous vous imaginez que la littérature jeunesse tourne uniquement autour de Petit Ours brun, Tchoupi, la Comtesse de Ségur et le Club des cinq, il va peut-être falloir vous mettre un peu à la page.
Vous n’êtes pas obligé de connaître par cœur toute l’offre éditoriale à destination des jeunes lecteurs. Ni d’avoir lu (pour vous-même ou pour vos propres enfants) pléthore de livres jeunesse. Mais si vous vous destinez à l’édition jeunesse, il faudra tout de même avoir quelques références en la matière. Y compris si vous souhaitez proposer un projet qui sortira des sentiers battus.
Car ce genre littéraire a grandement évolué ces dernières années. C’est d’ailleurs, à mon sens, l’un des secteurs éditoriaux qui a le plus bougé.
Si vous avez besoin d’un petit update, n’hésitez pas à faire un petit tour sur les catalogues des maisons d’édition spécialisées en littérature jeunesse.
3 – Penser comme un Auteur Jeunesse
Ok, vous avez envie d’écrire pour des enfants. Vous avez ciblé le type d’ouvrage qui vous botterait en parcourant les catalogues des maisons d’édition ou les rayons des librairies. Cool… maintenant, il va vous falloir penser comme un auteur jeunesse.
Ouvrez les yeux et les oreilles, courbez le dos, accroupissez-vous si besoin… Mettez-vous à hauteur d’enfant et écoutez.
Écoutez vos peut-être futurs lecteurs, ils ont plein de choses à vous dire. Il suffit de passer une heure avec un enfant pour avoir des tonnes d’idées de romans à écrire.
Autre astuce : réveillez l’enfant qui sommeille en vous.
Rappelez-vous vos jeunes années. À quoi rêviez-vous ? De quoi aviez-vous peur ? Qu’est-ce qui vous faisait rire ou pleurer ? Qu’est-ce qui vous révoltait ? Si vous redeveniez un enfant, là, tout de suite, qu’auriez-vous envie que l’on vous raconte ?
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4 – Ne pas se laisser impressionner par le fait d’Écrire Pour Des Enfants
L’un des pièges à éviter lorsque l’on écrit des livres pour enfants, c’est de se laisser impressionner par l’ampleur de la responsabilité. Ça a longtemps été mon cas. Je me disais qu’écrire des histoires pour les enfants n’était pas une mince affaire, que je ne pouvais pas leur raconter n’importe quoi. Que je n’avais pas le droit d’être insipide. Que je ne devais pas écrire des choses trop compliquées, ni utiliser des mots qui les mettraient en difficulté. Qu’il ne fallait pas que mon livre les dégoûte de partir à la découverte d’autres livres. Et tout un tas d’autres choses.
Pour tout vous dire, ça me paralysait. Ça bloquait mon inspiration. Peut-être qu’après tout, je n’étais pas faite pour devenir un auteur jeunesse. C’est dommage parce que j’avais des trucs à raconter. Plein même.
Alors, j’ai décidé de faire confiance à mes futurs lecteurs.
J’ai choisi de ne pas les prendre pour des imbéciles. J’ai commencé à écrire en oubliant un peu que j’écrivais des livres pour les enfants. Je me suis mise à écrire juste pour raconter une histoire, et surtout pour faire plaisir à la gamine qui sommeillait en moi.
Ça a été libérateur !
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5 – Adapter ses Écrits à de Jeunes Lecteurs
Une fois le premier jet de votre histoire terminé, il va tout de même falloir vous confronter à la réalité de votre lectorat. Votre relecture-correction va devoir non seulement aboutir à un texte exempt de fautes d’orthographe et de grammaire, cela va de soi. Mais elle va également devoir s’assurer que votre travail est adapté à la littérature jeunesse.
Selon l’âge du lecteur auquel un livre se destine, les contraintes vont être différentes. Quoi qu’il en soit, un auteur jeunesse doit proposer un texte qui ne sera pas trop en décalage avec le lectorat auquel il souhaite s’adresser.
Et n’allez pas croire qu’il vous sera plus facile d’écrire un texte pour un tout petit, plutôt qu’un roman jeunesse pour un enfant de 10 ans. N’imaginez pas vous épargner de la peine parce que vous écrivez une histoire pour lecteur débutant, juste parce que celle-ci aura un vocabulaire simple et comportera de nombreuses pages illustrées.
Quelle que soit la tranche d’âge à laquelle vous vous adressez, elle présente son lot de contraintes et de difficultés.
À ce sujet, on pense souvent qu’il est obligatoire de proposer un jeune héros à un jeune lecteur, afin que celui-ci puisse s’y identifier. C’est en partie vrai, mais c’est loin d’être une obligation : mon premier roman, Vladimir et Clémence, avaient pour personnages principaux deux adultes, et mon jeune lectorat a littéralement adoré ces personnages. Certains allant jusqu’à me dire qu’ils en avait marre de toujours avoir des héros enfants…
Je crois que l’astuce réside dans le fait de proposer à nos jeunes lecteurs des personnages principaux qui sont plus âgés qu’eux (un peu ou beaucoup plus âgés).
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6 – Choisir la Maison d’Édition Adéquate
A priori, lorsque vous vous êtes mis en tête de devenir auteur jeunesse, vous aviez sans doute quelques exemples de livres qui vous plaisaient plus que d’autres. Peut-être même quelques noms de maisons d’édition spécialisées en littérature jeunesse, dont le travail vous parlait plus particulièrement.
Ce sont ces éditeurs qu’il vous faudra viser en premier, à l’évidence.
Cependant, il existe de nombreuses maisons d’édition qui proposent des livres pour enfants. Impossible de toutes les connaître, même en fréquentant assidûment les bibliothèques et les librairies.
Partez donc à la chasse, fouinez sur internet, discutez avec votre libraire (surtout si vous avez la chance d’avoir une librairie spécialisée jeunesse près de chez vous).
7 – Trouver un Éditeur en Littérature Jeunesse
Voici 5 astuces qui vous aideront si vous êtes à la recherche d’un éditeur pour votre projet en littérature jeunesse.
– N’hésitez pas à vous rendre sur le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, aussi appelé le SLPJ. Il a lieu une fois par an (le premier week-end de décembre) et vous y croiserez de nombreux éditeurs et auteurs jeunesse (dont moi, cette année).
– Je vous recommande une petite visite sur le site Ricochet, sur lequel vous trouverez un annuaire des maisons d’édition qui publient des livres pour enfants. C’est une véritable mine d’or, croyez-moi !
– Repérez des auteurs jeunesse dont vous appréciez le travail ou qui ont un univers créatif proche du vôtre. Identifiez les maisons d’édition qui ont choisi de les publier (en littérature jeunesse, il est d’usage de travailler avec plusieurs éditeurs en même temps). Et démarchez-les. Bref, fonctionnez par affinités.
– Pensez à la presse jeunesse comme J’aime lire, Je lis déjà, Toupie, etc. Il en existe beaucoup, et pour toutes catégories de lecteurs. Ces publications sont souvent à la recherche d’auteurs et être publiés par un magazine pour enfants peut être une véritable opportunité pour débuter en tant qu’auteur jeunesse.
– Lorsque vous rédigerez votre lettre d’accompagnement pour soumettre votre projet à un éditeur, inutile de spécifier que vous avez vous-même des enfants, qu’ils sont vos bêta-lecteurs privilégiés (sérieusement, si c’est le cas, foncez lire mes 5 conseils pour bien choisir son bêta-lecteur), et qu’ils adorent ce que vous écrivez… C’est vraiment le genre de choses qui ne fait pas professionnel. Je sais que c’est important pour vous que vos enfants adorent vos histoires, mais les éditeurs ne verront pas les choses du même oeil.
8- Ne pas oublier qui achète les livres pour enfants
Je vais sans doute enfoncer une porte ouverte : un livre pour enfant est rarement acheté par un enfant.
Et cette donnée met les auteurs et les éditeurs jeunesse face à une double difficulté, celle de devoir plaire à la fois aux jeunes lecteurs et à leurs parents (ou grands-parents).
Il vous faudra donc convaincre les adultes aussi d’acheter votre livre. Il n’y a pas de recette magique pour cela (ça se saurait).
Certains parents voudront offrir un livre éducatif à leur enfants, d’autres craqueront pour un ouvrage qui leur rappelle leur enfance. Parfois ce seront les illustrations qui leur taperont dans l’oeil. Et d’autres fois, simplement le thème abordé.
Il existe un autre type de lectorat pour la littérature jeunesse auquel on ne pense pas toujours : les adultes qui achètent des livres jeunesse uniquement pour eux.
Oui, il existe un vrai public qui achètera systématiquement les livres de Benjamin Lacombe ou Rebecca Dautremer pour se régaler de leurs illustrations. Tout comme une autrice comme Clémentine Beauvais est très lue par des adultes car elle a un humour et des choix de thématiques qui traversent les âges.
Je suis moi-même souvent surprise de voir mes romans jeunesse achetés et lus par des adultes… qui n’ont pas d’enfant.
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9- Ne pas perdre de temps à Chercher un Illustrateur
Oh, et juste une dernière chose, car on me pose souvent la question : lorsque vous écrivez un livre jeunesse et que vous vous destinez à l’édition traditionnelle, vous n’avez pas à vous soucier de chercher l’illustrateur. Car c’est l’éditeur qui se chargera de le choisir.
Pas de stress, vous pourrez avoir une discussion avec lui pour partager votre vision des choses (voire même lui indiquer quelques illustrateurs dont vous appréciez le travail).
Mais sachez que les éditeurs reçoivent des dizaines de books par an, envoyés par des personnes dont vous-même vous ignorez l’existence. Il se peut que votre futur illustrateur ou future illustratrice se trouve parmi eux…
Si le sujet de l’édition jeunesse vous intéresse, vous aurez peut-être envie de découvrir les 5 points à ne pas négliger lorsque l’on écrit un livre pour enfants.
Pour aller plus loin : découvrez la Masterclass « Écrire son roman ».
7 commentaires
Madeleine
Bonjour, merci pour vos conseils. J’ai commencé à écrire des histoires pour le simple plaisir, puis je me suis rendu compte qu’elles plaisaient aux enfants et j’ai décidé de les proposer à des maisons d’édition. Sans succès jusqu’à date, alors j’ai décidé d’y aller en autoédition et d’illustrer moi-même mon premier conte. J’ai deux questions : peut-on proposer un livre avec histoire et illustrations à un éditeur? Comment peut-on proposer des histoires à un magasine jeunesse? Merci!
Cécile
Bonjour Madeleine,
Pour proposer une histoire avec illustrations, il est recommandé d’envoyer le texte complet, avec quelques illustrations, et des croquis de ce que pourraient donner certains personnages. En effet, en général, les éditeurs choisissent eux-mêmes les illustrateurs, mais restent ouverts aux projets illustrés. Dans ce cas, il faudra que vos illustrations soient de niveau professionnel. Pourquoi ne pas envoyer toutes les illustrations ? Parce qu’en fonction du travail éditorial et de la maquette, il est impossible de savoir à l’avance à quoi ressemblera le livre. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, envoyer un texte totalement illustré sera perçu comme un signe d’amateurisme…
Françoise
Bonjour,
Je travaille dans le domaine de la petite enfance depuis 10 ans et passionnée de livres jeunesse, je me décide à essayer de passer un master de littérature jeunesse ( si je suis prise ! car voilà 20 ans dejà que j’ai obtenu ma licence…) Mon rêve serait d’écrire mais je ne me sens pas assez légitime…j’ai du mal à savoir moi même à quelle tranche d’âge pourrait s’adresser mon histoire lorsque j’en écrit une … avez-vous rencontré ce problème ?
Bravo à vous pour ce beau parcours que j’admire !
Cécile
Bonjour Françoise,
J’avoue que je ne me suis pas trop posé la question de la tranche d’âge, car il est apparu très vite que j’écrivais pour des jeunes lecteurs aguerris, et donc en catégorie « roman jeunesse ».
Mais en parcourant les catalogues des maisons d’édition, vous trouverez des exemples qui pourront vous aider à y voir plus clair sur les tranches d’âge.
Karine
Bonjour Cécile,
Je découvre ton article, merci pour ces précieuses infos. Dans le point 7 tu dis « Ces publications sont souvent à la recherche d’auteurs et être publiés par un magazine pour enfants peut être une véritable opportunité pour débuter en tant qu’auteur jeunesse. » –> Y a-t-il un biais particulier pour savoir si ces magazines « recrutent » ? Ou faut-il simplement prendre les devants et leur envoyer notre histoire ?
Merci !
Cécile
Bonjour Karine,
Les deux sont possibles : tenter sa chance en envoyant directement son projet, ou faire une veille dans la presse spécialisée pour repérer les appels à textes.
Bonne chance pour ta prospection 🙂
Cécile
Bonjour,
Je voudrai faire une reconversion et pour le plaisir j’ai déjà écrit une histoire et je dessine beaucoup.
Mais le problème, est que je suis pas diplômé pour j’ai que un CAP petite enfance.
Ma question est : est-ce que je peux prétendre à faire ça et comment quel est la démarche à suivre si il y en a une ?
Merci pour vos précieux conseils.
Merci beaucoup
Bonne journée
Bonne continuation