Que devient un manuscrit une fois arrivé chez l’éditeur ?
Le voilà, votre manuscrit. Vous l’avez écrit. Relu (à de nombreuses reprises). Vous l’avez sans doute corrigé maintes et maintes fois. Puis vous l’avez imprimé. Et même relié avec beaucoup d’amour. Peut-être même avez-vous hésité sur la couleur de la feuille cartonnée à utiliser. Vous l’avez glissé dans une enveloppe, accompagné d’une lettre dont vous êtes plutôt satisfait. Là, vous venez de le laisser tomber au fond d’une boîte à lettre, non sans émotion, en essayant de deviner à quel moment il arrivera à destination. Et maintenant, que va-t-il devenir ? Eh oui, pour vous le chemin s’arrête devant le bureau de poste, mais pour ce manuscrit, le voyage ne fait commencer ! Et si nous le suivions un peu dans cette épopée ? Et si nous allions voir ce que devient un manuscrit une fois qu’il arrive chez l’éditeur ?
Une première halte au service courrier
Chaque jour, les maisons d’édition reçoivent pléthore de manuscrits par courrier (et même de nombreuses propositions de manuscrits par mail). Il se peut donc que le votre arrive au milieu d’une pile d’autres grosses enveloppes. Mais il sera également accompagné du courrier classique que reçoit habituellement un éditeur. Peut-être sera-t-il juste en dessous d’une enveloppe plus petite qui contiendra un contrat d’édition fraîchement signé par un auteur fébrile. Ou encore quelques factures, car oui, les éditeurs ont aussi des factures à payer.
Les grosses maisons d’édition ont des services courriers qui se chargeront de faire le tri et de dispatcher les bonnes enveloppes aux bons interlocuteurs. Mais parfois, ça sera tout simplement un agent d’accueil ou une secrétaire qui se chargera de le faire.
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Le service des manuscrits, un barrage difficile à franchir
Lorsque vous avez écrit l’adresse de la maison d’édition sur votre enveloppe, vous avez en principe précisé que votre courrier se destinait au service des manuscrits ou au comité de lecture.
C’est donc tout naturellement que les manuscrits y font un passage obligé. C’est là que se joue leur destin de livre. Et votre destin d’écrivain publié.
Le service des manuscrits reçoit des dizaines de projets de livres par semaine (voire même par jour pour les plus grandes maisons d’édition). Ici, cela peut aller très vite. Une personne va faire un premier écrémage. C’est ici que votre lettre d’accompagnement va être lue, et que vos premières pages vont être découvertes pour la première fois par une personne issue du monde de l’édition et non plus par un bêta-lecteur plus ou moins indulgent.
C’est ici également que ce premier lecteur va décider que votre proposition mérite une lecture plus approfondie ou non… Sans vouloir vous mettre la pression, si votre projet de livre ne passe pas l’épreuve du service manuscrit, il n’aura aucune chance d’aller plus loin, dans cette maison d’édition.
Pour aller plus loin : MASTERCLASS « Se faire publier par une maison d’édition »
La lecture approfondie par un lecteur professionnel
Certains éditeurs aiment lire les manuscrits eux-mêmes. Mais il arrive fréquemment que, submergés par le flux des propositions de livres, ils sous-traitent cette partie à des lecteurs qualifiés.
Le lecteur (ou la lectrice) fera une lecture précise et professionnelle de votre manuscrit. Sa mission : en faire une fiche de lecture détaillée et en détecter le potentiel littéraire. Il existe plusieurs façons de procéder. Certains lecteurs ont un barême de notation à appliquer, d’autres ont une grille de lecture.
À ce stade, votre manuscrit n’est toujours pas passé entre les mains d’un éditeur. Et rien ne dit que votre projet de livre obtiendra une réponse positive ou non.
La lecture du manuscrit par un éditeur
Sur la base des fiches de lecture qu’il aura collectées, l’éditeur décidera des manuscrits qu’il souhaite lire lui-même (ou pas). C’est évidemment une étape cruciale dans le processus que va suivre votre manuscrit. Et c’est déjà beaucoup s’il en arrive là.
Cette lecture éditoriale confirmera ou non ce que la fiche de lecture aura permis de mettre en avant. L’essentiel du travail sera ici de décider si le manuscrit s’inscrit dans la ligne éditoriale de la maison d’édition et si celle-ci pourrait soutenir le projet de livre qui lui est présenté.
Parfois l’éditeur sollicitera un avis complémentaire. Parfois le manuscrit sera lu d’office par deux personnes : l’éditeur et la personne qui assure la direction des collections au sein de la maison d’édition.
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Le comité de lecture, la dernière épreuve pour votre manuscrit
Votre manuscrit a reçu un oui unanime de la part du lecteur, de l’éditeur, voire du directeur de collection qui l’ont lu. Cool !
Il ne lui reste plus qu’une étape à franchir avant que vous ne receviez un appel téléphonique…
Votre manuscrit va être présenté en comité de lecture (parfois aussi appelé comité éditorial). Et je tiens à vous prévenir que ce n’est pas parce qu’un directeur de collection a adoré votre projet de livre qu’il va forcément recevoir l’aval du comité de lecture. Bien des livres se font retoquer à ce stade, parfois au grand désarroi des éditeurs qui avaient porté le projet de toutes leurs forces.
Le comité éditorial, ce n’est donc pas une mince affaire. Et ce n’est jamais gagné d’avance.
Le retour à la maison
Arrivé ici, deux possibilités s’offrent à votre manuscrit :
– Votre projet de livre a été retenu. L’éditeur prend son téléphone et vous appelle. Champagne ! Fiesta ! Au boulot… car d’ici peu vous recevrez votre fameux manuscrit rempli d’annotations, stabiloté, raturé, etc. Bref, vous aurez la chance de constater que ce paquet que vous avez un jour glissé avec émotion dans la boîte à lettres a été étudié avec attention par des personnes qui lui veulent le plus grand bien.
– Votre projet n’a pas été retenu. L’éditeur vous envoie un courrier (oui, pas d’appel téléphonique dans ce cas-là…), où il vous explique que malgré ses qualités littéraires, votre manuscrit n’a pas été retenu car il ne correspond pas à la ligne éditoriale actuelle de la maison d’édition (oui, on appelle cela une lettre-type). Cependant, il vous sera proposé de vous renvoyer votre manuscrit par la Poste moyennant un petit chèque du montant des frais de port ou une enveloppe suffisamment affranchie. Dans ce cas, vous recevrez votre manuscrit sans aucune annotation. Et vous pourrez ainsi l’envoyer à une autre maison d’édition.
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Voilà. Selon les éditeurs, ce circuit peut varier. Chez de petites maisons d’édition indépendantes par exemple, il se peut qu’il soit plus simple et que votre manuscrit passe entre moins de mains. Chez certains éditeurs, point de recours à des lecteurs externes. Bref, il est difficile de savoir à l’avance et précisément quel parcours suivra votre manuscrit. Quoi qu’il en soit, on lui souhaite le meilleur (et le plus long) chemin possible !
En complément, le site de La Poste vous explique comment envoyer un manuscrit à un éditeur et également comment envoyer un livre sans trop dépenser (bon, on peut considérer qu’un manuscrit, c’est un peu comme un livre, non ?).
Pour aller plus loin : MASTERCLASS « Se faire publier par une maison d’édition »
6 commentaires
RUSTE
Merci pour vos conseils et courage pendant ce confinement,
JJ
Cécile
Merci 🙂
Tiana
Bonjour,
Tout d’abord, merci pour votre blog qui m’apporte un éclairage indispensable sur le monde littéraire et éditorial.
J’aimerais vous poser une question : j’ai envoyé il y a quelques mois mon manuscrit à plusieurs maisons d’édition, j’ai reçu rapidement des lettres de refus sauf pour les éditions Grasset pour lesquelles je n’ai pas eu de retour pour l’instant. J’ai lu que vous aviez publié un livre dans cette maison d’édition : au bout de combien de temps avez-vous eu une réponse ? Sur leur site, le délai de réponse indiqué est d’environ 3 mois mais j’ai envoyé mon manuscrit fin septembre.
Selon votre expérience, dois-je considérer ce silence comme une indication de refus ou cela peut-il être bon signe ?
Encore bravo pour le travail réalisé sur ce site,
Cécile
Bonjour Tiana,
Je ne connais pas les délais de réponse des Éditions Grasset.
Pour ma part, la réponse avait été assez rapide, mais il s’agissait d’un projet destiné à leur secteur jeunesse, alors je ne sais pas si cette indication vous sera utile.
Isabelle
Le manuscrit doit être obligatoirement envoyé par courrier sur feuilles imprimées ? Jamais par email ?
Cécile
Cela dépend des conditions indiquées par la maison d’édition (certaines préfèrent le mail, d’autres l’envoi postal).